Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les élections américaines, live from Philly
16 octobre 2008

Jeu, set et match?

Et voilà: dernier débat et dernière grande occasion pour McCain de changer la dynamique de la campagne. Et comme dans les 3 précédents débats (les deux entre McCain et Obama et le débat entre Biden et Palin), c'est raté.

Image_1McCain aura pourtant tout tenté, cette fois-ci: que ce soit à propos de Bill Ayers ou d'autres attaques. Obama est resté ferme et a répondu précisément et dignement à McCain, qui passe de plus en plus pour un vieux grincheux. On a pu l'entendre souffler et soupirer à plusieurs reprises durant le débat, et lever les yeux au ciel d'un air exaspéré. (Voyez la vidéo ici, c'est marrant).

Notant que la campagne s'était durcie, le journaliste a cherché à provoquer la bagarre en demandant: "Etes-vous disposés à vous dire en face, ici à cette table, les choses que vos campagnes ont dites ces derniers temps?"

McCain a dit que c'était de la faute de Obama, parce que celui-ci avait écarté sa proposition de se rencontrer à plusieurs reprises dans de nombreux débats durant la campagne. Et donc, s'il avait accepté, "le ton de la campagne aurait été différent"! Il a tout de même ajouté regretter les aspects négatifs des deux campagnes. Il aurait pu s'arrêter là... et aurait dans ce cas montré qu'il pouvait prendre du recul et partager la responsabilité. Mais il a poursuivi, et c'est sans doute là qu'il s'est enfoncé:

McCain: "La campagne a pris une tournure qui est je pense inacceptable. Par exemple, l'autre jour, un homme que j'admire et que je respecte, le représentant John Lewis, un héros américain, a prétendu que Sarah Palin et moi-même étions associés au pire chapitre de l'histoire américaine, la ségrégation, la mort d'enfants dans des églises, George Wallace. Cela m'a blessé. Et, sénateur Obama, vous n'avez pas désavoué ces commentaires. A chaque fois qu'il y a eu une remarque qui a dépassé les bornes de la part d'un républicain, quel qu'il soit, je les ai désavoués. J'espère que le sénateur Obama va rejeter ces remarques faites par John Lewis, très injustes et inappropriées."

New_Picture__33_Sa tentative de faire passer que Obama était principalement responsable du ton négatif de la campagne n'allait en aucune façon être crédible pour les électeurs. Ceux-ci étaient déjà convaincus que McCain avait une campagne négative - il était vain d'essayer de prétendre totalement le contraire. Et comme pour le prouver, quelques instants après, McCain a attaqué Obama frontalement à propos de son "ami terroriste" Ayers.

Voilà un échange musclé qui ne manquera pas d'être repassé en boucle sur toutes les chaînes, et voilà sans doute une grossière erreur stratégique de McCain. Voici la vidéo.

lastdebate4Et voici ce que ça donne:

McCain: Mr. Ayers. Je me fiche d'un ancien terroriste dépassé. Mais comme l'a dit le sénateur Clinton dans ses débats avec vous, nous avons besoin de savoir la nature exacte de cette relation. Nous devons savoir la nature exacte de la relation entre le sénateur Obama et ACORN, qui est peut-être sur le point de commettre une des plus grandes fraudes dans l'histoire de ce pays, peut-être détruire les bases de notre démocratie. (...)
Obama
: Je pense qu'il va être important que je réponde juste à ces deux allégations spécifiques que le sénateur McCain a faites et qui ont reçu beaucoup d'attention. En fait, Mr. Ayers est devenu la pièce centrale de la campagne du sénateur McCain durant les deux ou trois dernières semaines. Ca a été leur sujet principal. Alors mettons les choses au point. Bill Ayers est un professeur d'éducation à Chicago. Il y a 40 ans, alors que j'avais 8 ans, il a commis des actes méprisables avec un groupe radical. J'ai largement condamné toutes ces actions. Il y a 10 ans, il a siégé, et moi aussi, dans un conseil de réforme scolaire financé par un ancien ambassadeur et ami proche de Ronald Reagan, M. Annenberg. D'autres membres de ce conseil étaient le président de l'université de l'Illinois, le président de Northwestern University (qui est un républicain), le président du Chicago Tribune, un journal à tendance républicaine. M. Ayers n'est pas impliqué dans ma campagne. Il n'a jamais été impliqué dans cette campagne. Et il ne me conseillera pas à la Maison Blanche. Voilà donc pour M. Ayers.
Maintenant, en ce qui concerne ACORN: ACORN est une organisation communautaire. Apparemment, ils ont payé des gens pour aller inscrire les électeurs, et il semble que certaines personnes n'inscrivaient pas vraiment des électeurs, mais inventaient simplement une liste de noms. Cela n'avait rien à voir avec moi. Nous n'étions pas impliqués. (...)
Maintenant, je trouve important de faire connaître ces faits en raison de l'allégation que le sénateur McCain a faite sans cesse que, d'une certaine manière, mes relations posent problème. Laissez-moi vous dire avec qui je m'associe. Pour la politique économique, je m'associe à Warren Buffet et l'ancien président de la réserve fédérale Paul Volcker. Si je veux réfléchir à la politique étrangère, je m'associe à mon colistier Joe Biden ou à Dick Lugar, le membre républicain du comité aux affaires étrangères du sénat, ou le général Jim Jones, l'ancien commandant allié de l'OTAN. Voici les gens, démocrates et républicains, qui m'ont aidé à établir ma vision et qui m'entoureront à la Maison Blanche. Et je pense que le fait que ceci soit devenu une part si importante de votre campagne, sénateur McCain, en dit plus long sur votre campagne que ça n'en dit sur moi.
McCain
: Oui, mais lorsque vous siégiez dans le même conseil, vous et M. Ayers, vous avez ensemble envoyé 230'000 dollars à ACORN. Donc - et vous avez débuté votre campagne politique dans le salon de M. Ayers.
Obama
: Cela n'est absolument pas vrai.
McCain
: Et les faits sont les faits et les bilans sont les bilans.
Obama
: Et ce ne sont pas les faits.

McCain
: Et ce n'est pas le fait que le sénateur Obama choisisse de s'associer avec un type qui, en 2001, a dit regretter de ne pas avoir posé plus de bombes. C'est le fait que tous les détails doivent être connus à propos de la relation du sénateur Obama avec lui et avec ACORN et le peuple américain jugera. Et ma campagne s'occupe de remettre l'économie sur les rails, créer des emplois, un avenir meilleur pour l'Amérique. Voilà en quoi consiste ma campagne!

La dernière phrase était vraiment trop bizarre: juste après avoir insisté sur les détails personnels de Obama, voilà qu'il prétend que sa campagne se concentre sur les problèmes du pays...

New_Picture__32_Le sondage CBS d'électeurs indécis dit que Obama a gagné le débat par 53% contre 22% pour McCain (et les 25% restants pensent qu'il s'agit d'une égalité).

Les chiffres de CNN sont encore plus clairs:
Qui s'en est le mieux tiré dans le débat? Obama 58% - McCain 31%
Qui serait le meilleur pour gérer l'économie? Obama 59% - McCain 35%
Qui serait le meilleur pour gérer la crise économique? Obama 56% - McCain 35%
Qui serait le meilleur pour gérer l'assurance maladie? Obama 62% - McCain 31%
Qui serait le meilleur pour gérer les impôts? Obama 56% - McCain 41%.
En outre, alors que 63% avaient une opinion favorable de Obama avant le débat, cela est monté à 66% après le débat. En revanche, McCain a réussi à baisser ton taux d'opinion favorable: 51% avant le débat, et 49% après...

lastdebateAh non, il faut quand même mentionner un sondage où McCain arrive en tête: "Qui a passé le plus de temps à faire des attaques durant le débat?" McCain 80% - Obama 7%.

Aie...

A ce stade-là, il est bien tentant de déclarer "Game Over"... Ce que je me garderai bien de faire (prudence, prudence...)

lastdebate2Au fait, la photo ci-contre n'est pas un montage... La légende de cette photo de l'agence Reuters dit: "Le sénateur McCain réagit lorsqu'il s'est presque trompé de côté pour quitter la scène après avoir serré la main du sénateur Obama à la conclusion du débat."

Voilà qui résume bien la situation à l'issue du débat...

Pour voir l'intégralité du débat avec le texte, c'est ici.


Publicité
Commentaires
S
Magnifique, McCain...
Publicité