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Les élections américaines, live from Philly
27 décembre 2007

De l'imprévisibilité des caucus...

Plus qu'une semaine!

Une semaine avant que les premières tendances se précisent. Une semaine et nous saurons d'ores et déjà quels candidats sont probablement favoris et lequels n'ont déjà plus aucune chance.
J'aimerais aujourd'hui vous dire pourquoi tout peut arriver en Iowa, et qu'il est fort difficile d'avoir une idée précise des résultats à venir, quand bien même une avalanche de sondages est publiée chaque jour.

1. Pourquoi les sondages ont-ils de la peine à prévoir ce qui va se passer ?

Ah, les caucus de l'Iowa... tout un programme! Comme on l'a déjà dit, le système est très particulier et est bien plus contraignant pour les électeurs qu'une simple primaire où il suffit de jeter un bulletin dans une urne ou tapoter l'écran d'une machine. Ici, c'est du sérieux: tout le monde doit se présenter à une heure donnée et tout le processus est long et fastidieux.

En conséquence, il faut une bien plus grande dose de motivation pour participer aux caucus. Et d'ailleurs, la participation est très très faible! Figurez-vous que sur 2 millions d'électeurs inscrits, seulement 124'000 ont participé aux caucus démocrates en 2004, soit à peine 6% !!
Evidemment, vous allez me dire que seuls les électeurs inscrits en tant que démocrates peuvent voter dans les caucus démocrates, donc il est normal qu'il y ait moins de monde. En réalité, la majorité des électeurs sont enregistrés dans tel ou tel parti. Il est donc trompeur de dire qu'il s'agit uniquement des "militants" du parti, comme on le lit parfois. (En fait, cela n'a rien à voir avec les nominations effectuées en France, où il y a à peine environ 300'000 adhérents pour le PS ou l'UMP par exemple).
De plus, il est possible de s'inscrire sur place (pour les électeurs dit indépendants) ou même de changer son affiliation le jour-même, donc vraiment n'importe qui souhaitant participer aux caucus peut le faire.

Bien entendu, puisqu'une fraction ridiculement faible de votants va effectivement faire l'effort de se déplacer, il ne s'agit pas exactement de n'importe quels électeurs, mais d'une espèce rare de personnes surmotivées. Vous voyez donc la difficulté pour les instituts de sondage: il n'est en effet pas du tout garanti que l'échantillon de personnes interrogées ait les mêmes opinions que les quelques inconscients qui vont sortir de chez eux par une nuit glaciale pour aller traîner pendant plus d'une heure dans un bureau de vote avec tous leurs voisins...

Certes, ils peuvent tenter de poser des questions aux répondants pour savoir dans quelle mesure ils sont susceptibles de participer. Plus facile à dire qu'à faire: doit-on garder seulement les gens qui disent être certains de participer? Doit-on garder seulement les gens qui avaient déjà participé à un précédent caucus? Bien sûr, il y a beaucoup plus de gens qui assurent les sondeurs que cette fois c'est sûr, ils y seront, que de gens qui finalement participent.

Du coup, tous les instituts de sondage ont des méthodologies différentes pour composer leur échantillon, et les résultats varient assez largement.

A qui pourrait participer une participation exceptionnellement forte ou faible cette année?
Chez les démocrates, beaucoup d'experts pensent qu'une faible participation pourrait profiter à Edwards, qui obtient habituellement ses meilleurs scores auprès des "hardcore democrats" qui sont des participants très assidus des caucus. Au contraire, on pense qu'une très forte participation pourrait être favorable à Obama, qui aurait alors réussi à mobiliser une population jeune - auprès de laquelle il est très populaire - habituellement peu prompte à se rendre aux caucus.

2. La période des Fêtes: une zone grise?


Pendant les fêtes de fin d'année, il y a tradionnellement moins de sondages publiés et on entre un peu dans une zone peu claire où l'opinion n'est plus testée, ou bien moins. Est-ce à dire que l'on risque de ne pas détecter une éventuelle nouvelle tendance? C'est possible, et c'est d'autant plus crucial que cette année, les caucus ont lieu juste après ladite période des fêtes...

3. Influence du calendrier avancé


Cette année en effet, les caucus de l'Iowa ont lieu le jeudi 3 janvier (oui je sais, vous commencez à le savoir). Et oui, c'est plutôt inhabituel. D'habitude, les premières élections ont lieu vers la mi-janvier. Ainsi, en 2004, c'était le 19 janvier... Qu'est-ce que ça peut bien changer?
Et bien, alors que d'habitude, les campagnes levaient un peu le pied pendant les fêtes, cette fois-ci personne ne peut se permettre d'arrêter la campagne alors que les échéances sont si proches. D'autre part, il est évidemment peu élégant de diffuser des spots négatifs attaquant un adversaire alors que les repas de famille et les célébrations pleines de bons sentiments battent leur plein...
Une autre conséquence du calendrier avancé est que beaucoup d'étudiants qui sont partis de l'état pour retrouver leur famille ne seront pas encore rentrés en Iowa le 3 janvier, puisque la plupart des cours reprennent plus tard. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux risquent de ne même pas pouvoir rentrer parce que certaines universités ferment les dortoirs d'étudiants et en interdisent l'accès avant la rentrée...

4. Et si on regardait la télé plutôt?


L'affluence dépend bien sûr aussi un peu des conditions du jour. Quel temps fait-il? De grosses chutes de neige? Et si nous restions à la maison plutôt?
Qu'est-ce qu'il y a à la télévision? Et ce soir-là il y a un match de foot de l'Orange Bowl. Cela devrait-il inciter beaucoup de monde à rester chez eux? Il est peu probable que l'effet soit important, mais qui sait?

A bientôt pour les derniers pointages...

Pat – provisoirement de retour en Suisse…

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