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Les élections américaines, live from Philly
2 juin 2008

Floride et Michigan: problème (enfin) résolu!

Alors voilà. Ce samedi, un obscur comité de règlementation du parti démocrate s'est réuni pour mettre de l'ordre dans la controverse liée aux primaires en Floride et dans le Michigan. Le résultat final est que Clinton gagne 23 délégués de plus que Obama, beaucoup moins que ce qu'elle souhaitait. Laissez-moi vous expliquer tout ça...

Ce comité s'est vu confier la patate chaude consistant à réinstaller (ou non) les délégués de Floride et du Michigan parce que ces deux états avaient violé les règles du parti démocrate (et du parti républicain) en avançant leurs primaires avant le 5 février, la première date où tous les états autres que l'Iowa, le New Hamphire, la Caroline du Sud et le Nevada étaient autorisés à voter. La justification d'une telle règle est simple: les candidats inconnus, comme Gary Hart (1984), Paul Tsongas (1992), Howard Dean (2004) ou d'autres peuvent mettre en place des campagnes compétitives dans ces petits états en prenant le temps de sillonner l'Iowa et le New Hampshire pour rencontrer les électeurs un à un et utiliser des victoires là-bas comme tremplin pour les états suivants. Si les grands états comme la Floride ou le Michigan venaient en premier, la première chose indispensable pour débuter une campagne serait de récolter 50 millions de dollars, puis diffuser des spots publicitaires dans ces états. Par principe, le parti démocrate veut qu'il soit possible de mener une campagne présidentielle même avec moins de 50 millions. Voilà pourquoi les dates des primaires sont si importantes. C'est d'ailleurs un point sur lequel le parti démocrate et le parti républicain sont d'accord.

La Floride et le Michigan étaient tout à fait conscients de tout cela lorsqu'ils ont avancé leurs élections, mais ont tout de même succombé à la tentation, rien qu'à l'idée de toute la publicité et l'argent que cela amènerait, pensant que les partis démocrate et républicain n'auraient jamais le courage de faire quoi que ce soit pour s'y opposer. Surprise. Le parti démocrate a décidé de supprimer tous les délégués (rendant les élections vides de sens). Le parti républicain a été plus magnanime et a seulement diminué leur nombre de délégués par deux.

Le comité s'est réuni samedi pour entendre les témoignages et les présentations du camp Clinton, du camp Obama, des partis de chaque état, et d'autres. Les débats, diffusés en direct sur internet, étaient intenses, émotionnels et très partisans. Le camp Clinton rappelait au comité qu'en 2000 en Floride, les démocrates se battaient pour que chaque voix compte et que cela devrait être valable maintenant également. Ils voulaient voir siéger à la convention toute la délégation de Floride avec une répartition déterminée selon les résultats de la primaire. Le camp Obama faisait valoir que les résultats de Floride n'avaient aucune valeur puisque les candidats n'avaient pas fait campagne là-bas et que beaucoup de gens n'avaient pas voté parce qu'ils savaient que les résultats ne compteraient pas. En conséquence, Obama favorisait un partage des délégués à part égale.

Finalement, une motion a été mis en place pour faire siéger toute la délégation en donnant à chaque délégué 1/2 vote, et c'est cette version qui a été acceptée. Le sentiment général était que, bien que l'élection ait été faussée, les deux candidats avaient les mêmes désavantages. Ainsi, Clinton a reçu 52.5 délégués, Obama 33.5, et Edwards 5.5. Comme Edwards a depuis lors choisi de soutenir Obama, ses délégués vont probablement voter Obama à la convention, mais n'y sont pas tenus. La pénalité (perte de la moitié des délégués) est la même qui a été appliquée par les républicains. Le vote unanime (27 voix contre 0) au comité, qui inclus 13 supporters de Clinton, suggère qu'il y a un large accord pour ce compromis.

Le Michigan, qui a voté le 15 janvier, est une affaire bien plus délicate. Obama s'est retiré des listes de vote. Ni le parti démocrate ni les lois du Michigan ne le demandaient. Obama (et d'autres candidats) ont dit qu'ils faisaient cela pour être en accord avec les pénalités imposées par le parti et pour décourager les gens de voter dans une élection qui ne compterait pas. Les supporters de Clinton répliquent que ce n'était qu'une décision stratégique parce qu'il s'attendait à perdre dans le Michigan et maintenant il n'a qu'à accepter les conséquences de son choix.

C'est alors qu'entre en scène le parti démocrate du Michigan, grand responsable du chaos actuel. Le chef du parti a témoigné et fait une proposition. Se basant sur les sondages à la sortie des urnes, et d'autres données, il estime que si l'élection avait été jouée par les deux candidats, Clinton aurait gagné par 54% contre 46% environ: il propose donc de partager les 128 délégués de l'état selon cette propostion estimée, donnant 69 à Clinton et 59 à Obama. Il y a eu une grosse objection de la part du camp Clinton, disant que les modèles statistiques ne sauraient remplacer les votes réels de 600'000 personnes... Le camp Obama a bien entendu rétorqué que l'année dernière, plusieurs mois avant le vote, Clinton était d'accord avec le fait que le Michigan ne compterait pas, et maintenant qu'elle a désespérément besoin de délégués, elle trouve important qu'une élection où son adversaire ne participait pas soit prise en compte.

Après cela, le comité s'est réuni et a débattu pendant 3 heures. Accepter l'élection en Floride mais pénaliser l'état par une perte de 50% de son poids électoral était assez simple et logique. Cependant, pour le Michigan il y avait 3 options: la proposition Clinton d'asseoir tous les délégués, la proposition de Obama d'ignorer l'élection et de partager les délégués moitié-moitié, et la proposition du parti démocrate du Michigan d'utiliser un partage 69 Clinton - 59 Obama. Finalement, la décision a été d'adopter cette dernière option en réduisant de moitié le poids de chaque délégué. Clinton reçoit donc 34.5 délégués et Obama 29.5.

Cette dernière décision est sans doute la pire possible. En effet, ne pas reconnaître l'élection et donner 64 délégués à chacun aurait été logique, et explicable au niveau des règles. Suivre les résultats de l'élection et donc donner 73 délégués à Clinton et éventuellement offrir les 55 délégués "uncommitted" à Obama était également tout à fait raisonnable. Au lieu de cela, le partage 69-59 n'est basé sur rien et est plutôt ridicule. Cette décision donne justement à Clinton des arguments supplémentaires, en lui ôtant 4 délégués qu'elle avait gagné. Obama n'a plus besoin que de quelques super-délégués, il n'était donc pas nécessaire d'insister pour cette solution.

Bon, au moins, il est bien que les résultats prennent maintenant en compte les 50 états.

Le nouveau nombre magique à atteindre est 2117. La conclusion est très très proche...

 

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