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Les élections américaines, live from Philly
18 février 2008

Obama: de belles paroles... même pas les siennes?

Barack Obama, ce phénomène... Capable de mettre en péril la machine bien huilée des Clinton, capable de galvaniser les foules avec sa présence charismatique et sa personnalité, capable de faire des discours qui portent espoir et inspiration à un électorat qui en redemande. Bien que cette Obama-mania est sans doute un peu déraisonnable, force est de constater que ses discours sont bien plus accrocheurs que ceux de Clinton, et qu'il est imbattable pour les dire de manière impeccable pour transcender les auditeurs.

Certes, il est légitime de se demander si tout cela n'est pas un peu creux, et que derrière ces belles paroles et ces beaux discours, il y a vraiment un candidat sérieux assez expérimenté pour diriger les Etats-Unis, et, surtout pour résister à une campagne contre les républicains. Qui auront vite fait de comparer la grande expérience du vieux sage McCain avec celle du jeune novice, et de mettre en doute ses capacités réelles à assumer la direction des armées et de la sécurité nationale.

Mais lorsqu'on peut être surpris, c'est en réalisant que justement, toute cette belle rhétorique aurait été pompée largement auprès d'un autre politicien... Voici un extrait du discours de Deval Patrick, actuel gouverneur du Massachusetts, lors de sa campagne en 2006, alors qui affrontait la républicaine Kerry Healy. Elle-même l'accusait de n'être qu'une coquille creuse pleine de belle paroles, et il a répondu en citant des phrases mythiques de grands discours célèbres:

But her dismissive point, and I hear it a lot from her staff, is that all I have to offer is words — just words.
"We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal." Just words – just words!
"We have nothing to fear but fear itself." Just words!
"Ask not what your country can do for you, ask what you can do for your country." Just words!
"I have a dream." Just words!

Et voici Obama samedi dernier dans le Wisconsin:

Don’t tell me words don’t matter!
"I have a dream." Just words!

"We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal." Just words!

"We have nothing to fear but fear itself.". Just words — just speeches!

Alors, plagiat? La campagne de Clinton a bien entendu sauté sur l'occasion pour relever ces similarités troublantes. Deval Patrick dit qu'il discute souvent avec Obama et qu'il ne voit aucun problème à ce qu'il utilise ses formules.

Tout cela est un détail? Pas si vite... En 1987, le candidat à la présidentielle Joe Biden a été accusé de plagiat en ayant repris un bout de discours du politicien britannique Neil Kinnock. La controverse l'a poussé à abandonner sa campagne alors qu'il était favori... Certes, il est peu probable que cela affecte Obama de manière significative, mais il est difficile de passer l'éponge, surtout quand la campagne de Obama se défend de manière plutôt risible en accusant Clinton d'avoir elle aussi pompé quelques phrases de ses propres discours. Et les exemples sont plutôt comiques:

"Fired up and ready to go" - Ceci n'est même pas initialement de Obama, mais de la NAACP (l'association nationale pour l'avancement des gens de couleur).
"Yes we can" - Vraiment? Ceci a été utilisé à plusieurs reprises par d'autres campagnes, dont Howard Dean en 2004. Ou dans bien d'autres contextes...
"Turn the page" - Y a-t-il vraiment un droit d'auteur pour dire "tourner la page"?
"Bring our country together" - Hem, même Huckabee a dit cela, et quel candidat à la présidentielle ne l'a pas dit, ces 100 dernières années?

La bulle Obama commence-t-elle à se dégonfler? Pas encore, loin de là. Mais si cela doit arriver un jour, il vaudrait mieux pour les démocrates que cela n'arrive pas une fois qu'il est intronisé par le parti. La campagne générale contre les républicains pourrait être rude...


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